Histoire Du Pub de la Presse et du Quartier

La route de Saint-Georges fut percée vers 1884. Le commencement du boulevard actuel, du côté de la plaine de Plainpalais, était constitué par le début de l'ancienne avenue du Cimetière débouchant sur la place du Cirque, haut lieu culturel de l'époque.

On y trouvait le Panorama, le cabaret du Moulin Rouge et le Cirque.

Le panorama, peint par Edouard Castres entre 1880 et 1889, se situaut à l'emplacement de l'actuel Café Remor. Le Cabaret du Moulin-Rouge était alors un chalet en bois. De nombreux artistes tels que Mistinguette le fréquentèrent et lui donnèrent ses heures de gloire. Il fut transformé en discothèque en 1969. Le cirque en bois, implanté en 1865 donna son nom à la place. Il se situait à l'endroit de l'actuel Auditorium Arditi-Wilsdorf. Racheté en 1881, il prit le nom de son propriétaire, « Cirque Rancy ». En 1892, il devint « l'Apollo Théâtre ». Une année après l'exposition nationale de 1896, il fut reconstruit en dur par crainte des incendies et dès 1910, on y donna des représentations cinématographiques permanentes. Le premier film français parlant fut projeté à Genève en 1932 dans cette salle. L'Apollo Théâtre fut démoli en 1956 pour faire place à une nouvelle salle de cinéma « Le Paris » projetée par l'architecte Marc Joseph Saugey. Cette salle de cinéma changea plusieurs fois de nom, « Le Paris Disney » en 1978, puis, « Le Ciné-Manhattan » en 1985 avant de devenir l'actuel auditorium.

 

Le tracé du boulevard Saint-Georges, à la hauteur du cimetière de Plainpalais, reprit le prolongement d'une partie de l'ancien chemin des Savoises. Ce nouveau tracé permit ainsi de relier, en une longue ligne droite, la place du Cirque au rond-point de la Jonction. L'intersection entre le boulevard Saint-Georges et le chemin des Savoises définit une parcelle en forme de pointe qui détermina la forme particulière de cet édifice.

Le cimetière de Plainpalais entourait l'ancien hôpital des pestiférés, bâti en 1492 et démoli en 1776. L'hôpital était composé d'une grande salle et d'une chapelle en forme de croix latine. Il faut rappeler que Genève connut de nombreuses et très meurtrières épidémies de peste, la dernière remontant à 638. Par mesure de sécurité, l'hôpital et le cimetière furent édifiés hors des murs de la ville de manière à limiter les risques de contagion.

Au début, l'entrée principale du cimetière se trouvait sur le chemin des Savoises devenu boulevard Saint-Georges. Ce n'est qu'au XVIIIème qu'elle fut déplacée à la rue des Rois.

 

Dès le 21 juin 1889, une voie de chemin de fer à voie étroite, reliant la place du Cirque au rond-point de la Jonction, fur ouverte. L'électricité n'ayant pas encore acquis ses lettres de noblesse, cette ligne fut d'abord desservie par des motrices à vapeur. Il fallut attendre le 10 mars 1902 pour que soit prise la décision de son électrification. Du 1er mai au 18 octobre 1896, l'Exposition Nationale Suisse eut lieu à genève sur la plaine de Plainpalais et sur les terrains adjacents des deux rives de l'Arve. La Société Genevoise de Chemin de fer à Voie Etroite organisa un service spécial Cornavin-Plainpalais afin d'amener les visiteurs. Ce tronçon était alors habituellement parcouru par les trians de marchanfises. Le clou de l'exposition était le Village Suisse élevé en direction du bois de la Bâtie. Comme le soulignait le journal officiel de l'exposition, « le Village Suisse réunira, dans un coin de nature heureusement disposé, les modèles de tous les genres de chalets qui dressent leurs gracieuses silhouettes dans les sites les plus variés de nos montagnes suisses ».

 

A l'origine, les arquebusiers étaient appelés « les couleuvriniers », du nom d'une pièce de leur arme. Leur terrain d'exercice se trouvait, à partir de 1514, dans un pré situé entre le Rhône et l'hôpital des pestiférés. Cette activité militaire donna son nom au quartier de la Coulovrenière.

 

La concentration des exercices militaires à la Coulouvrenière influença le nom des rues du quartier. Le nom donné à la rue des Rois est dû à un arrêté du Conseil datant du début du XVIème siècle. Ce dernier stipulait que la direction de la Compagnie de l'Arquebuse serait confiée à un « Roi ». Pour devenir « Roi » il fallait faire le meilleur tir, soit le « coup du roi » et être agréé par la seigneurie. Le promier Roi fut nommé en 1509. Cette tradition perdura jusqu'en 1847, date à laquelle un président remplaça la fonction de « Roi ».

La première mention faire de cette société de tir se trouve dans les registres du Conseil du 2 août 1474. Elle est l'une des plus anciennes de Genève avec la société de l'Exercice de l'arc.

 

L'actuelle rue du Stand, ouverte en 1860, tire son nom de l'Exercice de l'Arquebuse établi à la Coulouvrenière en 1826. les arquebusiers s'éxercèrent à cet endroit jusqu'en 1886, date à laquelle fut bâti le nouveau stand à Saint-Georges.

 

A l'époque industrielle, le site de la Jonction se mua en grand centre de production des énergies genevoises. Entre 1844 et 1846, l'usine à gaz s'implanta à la coulouvrenière, suivie, entre 1885 et 1892, par l'usine des Forces Motrices et, en 1904, par l'usine thermique.

 

Le boulevard Saint-Georges, prolongé par l'avenue de la Jonction, définit l'une des plus longues perspectives urbaines de Genève, perspective qui s'étend sur environ mille deux cents mètres.

D'un point de vue topographique, le lieu de rencontre entre le Rhône et l'Arve, situé à la Jonction, définit une « pointe » territoriale. Cette pointe se repercute formellement jusqu'à l'immeuble du Pub de la Prese, allant mêle jusqu'à définir la configuration du bar. Ainsi, le Pub de la Presse manifeste un lien plus étroit avec les quartiers de la Coulouvrenière et de la Jonction qu'il n'en montre vis-à-vis de celui du Cirque.

 

La situation géographique du quartier de la Jonction, entre Rhône et Arve, fit de lui un endroit stratégique favorisant l'implantation de nombreuses industries genevoises. L'usine Kugler s'y établit en 1871, l'usine de dégrossissage d'or en 1880 et l'usine Gardy en 1899.

 

Les bains à Genève étaient nombreux dès la fin du XVIIIème siècle. Vers la fin du XIXème, on implanta à l'extrémité de l'actuelle rue des Bains un établissement de bains sur l'Arve.

 

Le 12 octobre 1957, les sapeurs-pompiers inaugurèrent officiellement leur nouvelle caserne à la rue des Bains. Lutter efficacement contre le feu fut l'engagement pris par Robert Céard (1781-1860) à Gnève. Il réorganisa en 1839 les secours contre l'incendie en fondant le bataillon des sapeurs-pompiers militaires dont il fut le premier commandant. C'est encore lui qui demanda, dès 1825, que soit installée une vigie sur le clocher de Saint-Pierre. Il fit relier son domicile de la rue du Bourg-de-Four avec le local des vigies par un fil de fer. Ce dernier déclenchait une sonnerie dans sa chambre à coucher en cas d'alerte.

La présence des pompiers près du Pub de la Presse se traduisit par le nom porté par ce dernier dans les années soixante. Il s'appelait « Au Magirus », marque des échelles des sapeurs-pompiers et, dès 1963, de certains de leurs véhicules.

 

L'actuelle rue du Sablon tire son nom d'un sable très fin, que l'on extrayait de l'Arve. Il était utilisé dans la construction et connut une forte demande, dès 1850. Lors de l'extention de la ville, les exploitations de sable se multiplièrent à la Jonction.

 

Le Café de la Presse fut repris en 1994 par M. Mehrez Agrebi qui le rebaptisa Pub de la Presse.

Sous son impulsion, et grâce à son sens de l'hosptalité, l'atmosphère de l'établissement changea peu à peu. Il devint ainsi un lieu très vivant, aux discussions animées et conviviales autour du bar, subtilement orchestrées par le patron ou son complice de longue date, Pépé.

Des concerts animent occasionnellement les soirées, permettant aux amateurs de musique de découvrir des formations aux genres musicaux variés.

Les amateurs de sport ne sont pas en reste, un grand écran leur permet de suivre les grands rendez-vous sportifs, attirant en ces occasions, de nombreux supporters du football ou du hockey genevois.

Ouvert tous les soirs de la semaine, le Pub de la Presse est un lieu apprécié pour l'animation nocturne qu'il offre aux habitants du quartier. Sa notoriété en fait aujourd'hui un point de rendez-vous très affectionné des genevois.

Cet édifice fut construit en 1903 par l'architecte Girodroux. Il fait partie d'un ensemble de trois immeubles qui occupent une parcelle en pointe.

La première transformation que connut l'immeuble date de 1939, elle est due à l'architecte R. Coubra. Il fut ensuite transformé par Marc Joseph Saugey en 1942. il transféra la porte d'entrée principale des Savoises du côté du boulevard Saint-Georges et dota le bâtiment d'un ascenseur. D'autres transformations furent menées en 1944 par l'architecte Champod qui densifia les étages en trois appartements. La dernière transformation, oeuvre de l'atelier « angledroit architectes », date de l'été 2000. le cadre de leur mandat concerna la rénovation du Pub de la Presse.

Ce projet contemporain s'insère dans un cadre dont les composantes architecturales d'origine sont restituées, tel que l'ancien plafond, pourvu de ses moulures « art nouveau » et probablement d'époque.

 

Dès son édification, l'immeuble fut toujours pourvu d'un café au rez-de-chaussée. Selon le recensement genevois d'architecture, le café comportait une salle à l'étage, utilisées pour jouer au billard, ou selon les usagers, pour y manger.

Ce café a connu plusieurs noms au cours du temps. Il devint successivement le Café Kunz, l'Excesior, Au Magirus, le Cafè de la Presse et plus récemment le Pub de la Presse. Néanmoins, durant ses premières années d'exploitation, sa raison sociale demeure inconnue.

Actuellement, la salle du pub est pourvue d'un bar reprenant la forme en pointe de l'immeuble. Ce dispositif a été maintenu dans le cadre de sa plus récente rénovation, préservant ainsi l'atmosphère conviviale, chère à la clientèle. Consommateur d'espace, le bar s'adapte à la double entrée symétrique de la salle à l'accès moins usité, disposé sur la pointe.

 

Le Café de la Presse fut entouré, pendant quelques années, par la rédaction de trois journaux genevois. Tout d'abord, « le Courrier », fondé en 1868. Etabli pendant un certain temps à la rue du Vieux-Billard, ses locaux furent déplacés à la rue de la Truite en 1993. Ensuite, « La Tribune de Genève », fondée en 1879, s'établit en 1941 à la rue du Stand avant de déménager à la rue des Rois dans les années 1990. Enfin « La Suisse », fondée en 1898, s'établit à la rue des Savoises de 1958 jusqu'en mars 1994, date de sa disparition de la presse genevoise. Ce voisinage détermina certainement le nouveau nom du café dans les années septante.

 

L'ancien chemin du Mail, devenu boulevard de Plainpalais puis avenue du Mail, tire son nom d'un jeu en vogue à Genève au XVIIème siècle Dès 1637, le duc de Rohan, en voyage à Genève, suggéra de planter les abords de la plaine de deux allées de tilleuls et d'ormeaux visant à créer une promenade ombragée, et permettant d'y jouer au « mail ». Ce jeu consistait à propulser une boule à l'aide d'un maillet flexible, en cherchant à toucher des buts fixés en terre. Selon les plans de Genève signés J.R. Mayer, dès 1861, le quartier défini par l'avenue du Mail, les rues des Savoises et du Vieux-Billard portait le nom de « Jeu du Mail ».

 

Jusqu'à la nouvelle définition du boulevard Saint-Georges et de la rue des Savoises, le chemin des Savoises s'avançait, en direction de la jonction des deux fleuves, approximativement jusqu'à l'actuel rond-point de la Jonction, en traversant les jardins de Plainpalais.

Là, des réfugiés huguenots, venus à Genève après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, s'adonnaient à la culture des légumes. Ils firent connaître aux Genevois de nouvelles variétés de légumes tels que le cardon ou l'artichaut. Les maraîchers étaient constitués alors en une corporation appelée « les Plantaporrêts ». ils arrosaient leurs cultures, de préférence avec l'eau du Rhône car, plus chaude que celle de l'Arve, elle permettait d'obtenir une récolte quinze ours plus tôt. La réputation qui auréola longtemps les productions maraîchères de Plainpalais fut acquise grâce au travail de dynasties de cultivateurs qui surent imposer à l'étranger, les graines et les plantons qu'ils avaient sélectionnés.

 

 

A partir du démantèlement des fortifications, vers 1850, les exigences territoriales de l'extension de la ville restreignirent le nombre de maraîchers. En vue de l'organisation de l'Exposition nationale de 1896, les autorités reprirent une partie des terres aux maraîchers. Les jardins de Plainpalais cédèrent peu à peu du terrain aux nouvelles constructions. De plus, la production maraîcherère indigène ralentit car elle fut directement concurrencée par les importations croissantes, facilitées par le transport ferroviaire qui se développa à partir de 1857-58. Ces raisons entraînèrent une mutation du quartier, orienté dès lors vers les industries.

Une magnifique représentation des jardins de Plainpalais fait encore actuellement partie du décor de la salle des mariages du musée de Plainpalais. Ce tableau, peint par Edouard Ravel au tournant du XXème siècle, témoigne de l'étendue des cultures maraîchères à Plainpalais jusqu'à la fin du XIXème siècle.